Le projet de Nouvelle Constitution a été rejeté par 62% du corps électoral chilien, une majorité qui a clairement sanctionné la gestion erratique des premiers mois du gouvernement de Boric. La forte participation de près de 85%, propulsée par le vote obligatoire, a vraisemblablement fait pencher la balance en défaveur du nouveau texte. La Constitution de 1980, imposée par la tyrannie à feu et à sang, puis réformée lors de la transition démocratique, reste en vigueur en attendant une éventuelle suite du processus constitutionnel.

Pourtant, une écrasante majorité – 80% du peuple chilien – avait plébiscité l’élaboration d’une nouvelle constitution par une Convention élue à cet effet, en excluant la participation du Congrès dans sa rédaction, c’est-à-dire les partis qui se sont partagés le pouvoir durant ces 30 dernières années. La Convention a eu beaucoup de peine à compter avec le soutien des institutions et des médias. Et à l’issue de ce processus, aucune force nouvelle, indépendante et transformatrice ne s’est dégagée pour défendre avec conviction le contenu du projet.

Depuis l’accession du gouvernement de Boric, les instituts de sondage ont commencé à donner gagnante l’opposition de droite. Plutôt que de redoubler d’efforts pour défendre le projet avec cohérence, la coalition gouvernementale a cédé du terrain sans jamais réussir à infléchir la tendance d’opinion. Les coalitions qui ont gouverné durant les 30 dernières années, fortement discréditées, se sont coordonnées soit pour amender le texte au lendemain de la votation populaire, soit pour promouvoir un nouveau processus constitutionnel. Il est par ailleurs absurde, si ce n’est antidémocratique, que la Constitution de 1980 ait été modifiée pour faciliter des réformes constitutionnelles, alors même qu’un nouveau texte constitutionnel était en procédure référendaire. Cette attitude ambivalente du gouvernement n’a pas respecté la volonté populaire et a balisé le chemin de la défaite.

Le nouveau scénario politique reste incertain. Un remaniement du gouvernement vers le centre est attendu. Les commandos de campagne semblent s’accorder transversalement sur la continuité du processus constitutionnel, mais le refus a été massif dans les urnes. Sans aucun doute, la lutte du peuple chilien et des nations autochtones pour une société plus juste et égalitaire ne s’arrête pas le jour du référendum constitutionnel. Le processus constituant pactisé le 15 novembre 2019 est mort-né. L’avenir des transformations retourne dans les rues et les territoires !

Nouvelles Générations Chili
5 septembre 2022